SURPRISES D'ENVERGURE 2. LE FANTÔME TRÈS CONVOITÉ

Le fantôme très convoité  © Djépi

Photos : Isa, Nad, Djépi

Texte : Djépi

Avril 2024, parc national de Monfragüe, Espagne.

Les ballets de vautours, de milans, de cigognes noires nous ont tant fait tourner la tête ce matin que j’ai un peu mal au cou quand nous nous arrêtons au parking du poste d’observation. Celui-ci ne donne pas sur une falaise ou un autre point d’intérêt particulier et n’attire donc pas les phalanges d’ornitho-photographo-touristes. 

Les ballets de vautours nous ont fait tourner la tête   © Djépi

Précédemment, nous y avions rencontré un sympathique couple d’observateurs locaux qui nous avait confié que le vautour moine niche par ici et qu’au-delà de la crête, face au Tage, nichait l’aigle de Bonelli. Mais cela, c’était avant car, depuis 3 ans, plus de nouvelles. On en parle, on en reparle, mais on ne le voit point. A Monfragüe l’aigle de Bonelli est devenu un fantôme très convoité.

Par là, nichait l'aigle de Bonelli ...   © Nad

En scrutant aux jumelles la crête qui émerge des chênes verts, je repère un point blanc au faîte d’un rocher. Je poursuis paresseusement ma quête sans objet particulier, simple routine d’ornitho. Mmmm… ce doit être un vautour percnoptère ou peut-être un circaète Jean-le-Blanc, mais comme nous en avons déjà vu, et dans de très bonnes conditions, il n’y a pas de quoi s’exciter. 

Le vautour percnoptère est une observation fréquente à Monfragüe  © Djépi

Ayant bouclé mon tour d’horizon, je vais quand même chercher la longue-vue dans la voiture, pour m’assurer de l’identité précise du point blanc. J’ai pris les repères, je le retrouve de suite.

Sursaut. Il n’y a pas un, mais deux oiseaux. Et ce ne sont pas des percnoptères : silhouette massive, large poitrine pointillée, capuchon et manteau bruns : des aigles de Bonelli ! Ceux que tout le monde cherche, ils sont là, sous nos yeux ! 

Encore sous le coup de l’émotion, j’invite mes compagnes à glisser l’œil dans la longue-vue. Connaissant peu ou pas l’espèce, elles se régalent. Pour le souvenir, on tente même de la digiscopie avec un smartphone. Et quand revient mon tour de regarder, le rocher est nu, les oiseaux n’y sont plus…

Pour le souvenir, on tente de la digiscopie avec un smartphone © Djépi et Isa

Je fouille les alentours, mais rien. Ils ont donc dû décoller. Tant pis pour le torticolis, je me dévisse le cou à fouiller le ciel car ils n’ont pas pu aller bien loin en si peu de temps. Après quelques minutes, alors que mes espoirs s’évaporent, deux missiles surgissent au-dessus de nous. 

Le couple de Bonelli est d’humeur facétieuse. Ils planent, tournent et retournent, descendant assez bas. Le mâle, facilement identifiable à sa plus petite taille, se lance dans des piqués, pattes pendantes. Les minutes passent, les deux rapaces sont juste à la verticale, on dirait qu’ils donnent le spectacle rien que pour nous. Nous n’en croyons pas nos yeux, le sort nous gâte !

Le mâle se lance dans des piqués, pattes pendantes  © Djépi

Alors que les oiseaux s’écartent, je me pose des questions. A cette date, s’ils volent longuement ensemble, c’est qu’ils n’ont ni poussins ni œufs au nid. Est-ce un couple nouvellement formé et qui commence à s’installer, comme les parades du mâle peuvent le laisser penser ? Ont-ils auparavant entrepris ici une nidification qui n’a pas abouti ? Sont-ils juste de passage ?

Quoi qu’il en soit, le fantôme est devenu réalité.

Le fantôme est devenu réalité  © Nad
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