BRAME 2024 1. LA PHOTO PUBLICITAIRE

Les descendants des cerfs blancs d’Auguste de Saxe courent toujours à Dyrehaven   © Djépi

Photos : Nad, Djépi

Texte : Djépi

En 1737, Auguste, Electeur de Saxe, offrit 12 cerfs blancs au roi Christian VI du Danemark qui les introduisit dans le domaine royal de Dyrehaven où s’organisaient les chasses à courre de la couronne. En 1777, ce mode de chasse fut heureusement interdit dans le pays et, à ce jour, les lointains descendants des cerfs blancs (*) d’Auguste de Saxe courent toujours dans ce qui est devenu la réserve naturelle nationale de Dyrehaven.

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Apercevoir un cerf blanc est un rêve pour beaucoup des photographes qui, venus de toute l’Europe, suivent le brame à Dyrehaven. J’en avais vu des photos datant de quelques années et cela excitait aussi ma curiosité. Les biches et faons blancs ne sont pas rares, et, au cours de mes premières visites en 2021 et 2022, je m’attendais à trouver l’un ou l’autre mâle leucique. Mais je n’en vis aucun.

Les biches et faons blancs ne sont pas rares à Dyrehaven  © Djépi

Aussi, quand l’un d’entre eux croisa fugacement notre route en 2023, ce fut l’émotion. Nad, la photographe qui m’accompagnait, réussit à en faire une bonne image : un jeune adulte portant 16 cors. Il n’avait pas l’ampleur nécessaire pour participer au brame et ne se montra plus.

Quand un cerf blanc croisa fugacement notre route en 2023, ce fut l’émotion   © Nad

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Le 23 septembre 2024 en soirée, à mon arrivée, j’en étais à observer le ballet des ténors et de leurs hardes sur les grandes prairies de l’Hermitage quand un nouveau groupe apparut à l’Est, au coin d’un bosquet. Dans la lumière déclinante, je vérifiai de quoi il s’agissait. Le cerf me parut fort pâle. Ce n’était pas la fourrure blonde que l’on observe parfois (la teinte des cerfs est fort variable, du blond au chocolat sombre en passant par le fauve plus ou moins lavé de gris) mais une sorte de blanc grisâtre. 

Interloqué, je demandai au garde (**) qui était proche de moi, si c’était un cerf blanc, et s’il était possible de s’en approcher. A sa double réponse positive, j’enfourchai mon vélo et rejoignis au plus vite deux photographes locaux déjà sur place.

Dans la lumière déclinante, je vérifiai de quoi il s’agissait. Le cerf me parut fort pâle.   © Djépi

Le cerf blanc brame activement, entouré d’une vingtaine de non boisés. Chez nous, ce serait un très gros cerf ; pour Dyrehaven, il reste assez modeste, tout en pointant quand même 22 cors. Illico, je le baptise Galaxy (les hellénistes comprendront pourquoi…).

Le cerf blanc brame activement. Je le baptise Galaxy   © Djépi

Guère impressionné par le manège d’Offenbach qui règne sur le bas des grandes prairies, ni par les cerfs satellites qui gravitent en tous sens, Galaxy n’hésite pas à aller leur expliquer qu’il vaut mieux rester à l’écart de son harpail. 

La lumière devient fort rare, mais je parviens à tirer quelques photos. Certaines pourraient illustrer des publicités pour la réserve : un grand cerf blanc en brame devant le pavillon de chasse royal alors que la nuit tombe et que le ciel rougeoie… la carte postale !

Un grand cerf blanc en brame devant le pavillon de chasse royal… la carte postale !   © Djépi

Un quatrième observateur trop remuant nous a rejoints et la biche meneuse n’apprécie guère ses approches maladroites. Après quelques hésitations, elle entraîne toute la troupe à couvert dans le bosquet voisin. De toute manière, la nuit arrive et l’observation est devenue difficile.

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Un photographe tchèque en partance m’expliqua où retrouver le cerf blanc, et je tentai ma chance à diverses reprises durant toute la semaine, mais sans succès. Serait-il parvenu à emmener sa troupe en lieu sûr ou a-t-il dû l’abandonner à plus fort que lui ? Quoi qu’il en soit, mes images m’ont permis de confirmer qu’il s’agissait bien du même animal que celui que nous avions si brièvement croisé en 2023. 

S’il continue sur sa lancée, le jeune Galaxy pourrait être une des grandes attractions du brame 2025 !

Le jeune Galaxy pourrait être une des grandes attractions du brame 2025 à Dyrehaven    © Djépi

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(*) Il s’agit d’animaux leuciques, leurs iris sont donc de couleur normale, et non rouges comme chez les albinos. On ne trouve pas d’animaux intermédiaires entre le pelage blanc et le pelage fauve, mais on observe régulièrement une biche fauve accompagnée d’un faon blanc, ou l’inverse. Cela montre que cette anomalie génétique est un caractère strictement récessif. Daims et chevreuils produisent aussi des individus blancs.

(**) Durant toute la saison du brame, des gardes du parc patrouillent inlassablement pour s’assurer que le public, et en particulier les photographes, respectent le règlement stipulant qu’on ne peut quitter les chemins pour s’approcher des animaux. Hors de cette saison, cela est permis.

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