Le BRAME, HEURE par HEURE, JOUR par JOUR /3

Aventures et mésaventures du brame

Sleepy et les ados

Sleepy est un cerf que j’avais croisé en fin de brame, en 2021 et qui m’avait frappé par une attitude paisible et bienveillante qui ne me semblait pas dictée uniquement par la fatigue. 

Cette année, après une apparition éclair sur la place centrale, il s’est trouvé de la compagnie un peu à l’écart. Entouré d'une jolie trentaine de non-boisés, le gros 20 cors accueille avec bonhommie photographes et promeneurs, à proximité d’une des « red gates » donnant accès à Dyrehaven. C'est un de mes préférés !

Sleepy s’est trouvé de la compagnie à l’écart de la place centrale   ©Djepi

La résidence de Sleepy est à la limite nord de la zone de brame, juste en bordure des grandes prairies qui culminent à l’Hermitage, ancien pavillon de chasse de la famille royale.  Et c’est là que se situe le problème… 

Ne trouvant plus nulle part où aller, des groupes de daguets expulsés des hardes maternelles ainsi que des clubs de cerfs adolescents (2-4 ans) cherchent refuge dans les bosquets qui ponctuent ces grandes prairies.

Les jeunes cerfs ne trouvent nulle part où aller durant le brame   ©Djepi

Alors que Sleepy fait honneur à son nom et somnole parmi ses belles, une poignée de gamins apparaît au loin dans les hautes herbes. L’air de rien, ils broutent en s’approchant imperceptiblement de la harde. Je suis curieux de la suite des évènements...

Une poignée de gamins apparaît au loin dans les hautes herbes   ©Djepi

Le temps passe, Sleepy sommeille toujours. Quelques biches distraites se sont écartées de la harde et les impertinents gamins, désormais proches, se mettent à leur manifester beaucoup d’intérêt.

Un jeunot s'intéresse de près aux biches   ©Djepi

On peut être compréhensif, mais il y a des limites. Sleepy saute sur ses pattes et se dirige tête haute vers les ados. 

Sleepy est patient, mais il y a des limites   ©Djepi

Un premier se replie prudemment, mais ses copains en profitent pour s’infiltrer parmi les biches. Faisant volte-face, le gros cerf se lance dans une série de courses-poursuites afin de forcer les effrontés à prendre le large.

Sleepy se lance à la poursuite des ados ambitieux   ©Djepi

Il revient ensuite paisiblement parmi ses compagnes : un peu de piment fait d’autant mieux apprécier une vie tranquille… 

Sleepy apprécie une vie paisible   ©Djepi

👀

Les malheurs du Fourchu

Non loin de Sleepy, un beau harem a pris résidence en lisière des grandes prairies, juste sous le pavillon de chasse. Je devine de loin qu’un cerf très actif s’en occupe, et je me rapproche pour mieux voir ce qui se passe.

De taille moyenne, le gaillard est affublé d’une ramure asymétrique : alors que son bois droit compte douze pointes, le gauche n’en a que cinq, avec une simple fourche en guise de chandelier. Voilà un 24 cors bien irrégulier ! 

Je ne le connaissais pas, je le baptise illico « le Fourchu ».

Le Fourchu porte une ramure très asymétrique   ©Djepi

Nerveux, irascible, il s’attaque sans pitié à une petite troupe de daims mâles qui paissaient tranquillement en lisière, les pourchassant jusqu’à ce qu’ils s’enfuient.

Fourchu est nerveux et agressif avec les daims proches de sa harde   ©Djepi

Il est près de midi, la harde décide d’aller se remiser à l’ombre des fourrés proches, et le Fourchu suit les biches. Le calme revient ; je pense à partir chercher autre part une aventure plus savoureuse, mais une petite voix intérieure me chuchote « reste encore 5 minutes »…

Les biches cherchent la fraîcheur du bosquet   ©Djepi

Alors que j’observe le Fourchu dans son train-train de cerf de harde, une silhouette sortie de nulle part apparaît juste derrière lui. Et elle porte des bois de fort belle taille! Mon taux d’adrénaline monte : ces deux-là vont avoir des choses à se dire. 

Une silhouette (à gauche) apparaît derrière Fourchu   ©Djepi

Fourchu se retourne et, sans préambule, le nouveau venu attaque. Les têtes se baissent, les bois claquent. A 50 mètres de moi, ça piétine, ça pousse. Je distingue fort mal car le combat se déroule entre les arbres, derrière l’écran des biches impassibles. 

Le combat se déroule derrière les biches impassibles   ©Djepi

La question ne se règle pas rapidement, le Fourchu n’est pas du tout décidé à céder ainsi son trône. Les claquements secs redoublent de fréquence et d’intensité.

Je ne vois presque pas les ramures qui sont au ras du sol, mais le cerf au pelage roux recule progressivement sous la poussée du concurrent au poil marron. Et ce cerf qui recule, c’est le Fourchu. 

Fourchu (à gauche) recule de plus en plus   ©Djepi

Ne pouvant plus résister aux assauts, le mal boisé se relève et s’enfuit sans demander son reste. Le vainqueur le poursuit brièvement en hurlant, puis revient savourer son triomphe parmi les biches. 

Qui est-il donc ? Maintenant, je le vois bien : une solide ramure, des andouillers très volages au chandelier droit, 22 cors : pas de doute, c’est Twix, un cerf de 8 ans qui a autant d'atouts que de caractère et qui, en fin de brame 2021, régnait sur la place n°2.

Le vainqueur revient près des biches : c'est Twix   ©Djepi

A quelques centaines de mètres, de l’autre côté du bosquet, s’étend la place de brame principale, avec Spat et sa harde. Le monarque a entendu qu’il s’était passé quelque chose et il s’approche en bramant. Twix se retourne et répond du tac au tac : les deux cerfs se connaissent bien et, l’an passé, leurs divers affrontements s’étaient soldés par un statu quo. 

Respect : Spat n’insiste pas.

Twix affirme haut et fort que le boss, ici, c'est désormais lui   ©Djepi

👀

 Les maladresses de Spat

Agréable surprise : lors de ce brame 2022 à Dyrehaven, nous avons la chance d’assister à plusieurs épisodes de saillie, en pleine lumière. Ce sont Gauguin et Spat, les grands cerfs en compétition pour le contrôle de la place centrale, qui nous ont offert le spectacle.

Gauguin en "chandelle"   ©Djepi

En plus des brèves saillies habituelles qui se terminent par une « chandelle » - instant où le cerf qui éjacule se dresse et, du fait même, projette la biche devant lui – nous observons, de la part de Spat, des séances plus prolongées.

Spat passe une minute sur le dos de la biche   ©Djepi

Le gros cerf reste assez longtemps (environ 1 minute) accroché au dos de la femelle, pour retomber ensuite sur ses quatre pattes, sans chandelle. Et, comble de surprise, la biche entreprend aussitôt de le monter, comme une ballerine qui grimperait sur un char d’assaut !

La biche réciproque en montant sur Spat   ©Djepi

Je me dis bien que ce comportement inattendu de la biche n’est pas sexuel, mais a plutôt comme but d’affirmer son statut social par rapport au mâle. Mais ce que Spat avait en tête, lui, était clairement sexuel !!! Une fois d’ailleurs, il réalise, peu après, une nouvelle tentative qui se conclut en chandelle classique. Alors… ?

Nous avons la chance d’assister à très courte distance à plusieurs épisodes semblables, et nous pouvons jouer à loisir aux voyeurs. Bien que la biche soit docile et immobile, Spat ne parvient pas à réussir son intromission. Il semble même qu’il réalise parfois une pénétration anale. 

Spat ne parvient pas à trouver la position correcte   ©Djepi

La biche, de son côté, patiente calmement, ce qui est méritoire avec plus de 200 kg sur les reins ! 

La grande patience de la biche avec plus de 200 kg sur les reins   ©Djepi

Face à l’insuccès de ses tentatives, le cerf abandonne et ensuite, accepte sans broncher que la biche lui réponde symétriquement. Ce n'est cependant pas systématique.

Est-ce un phénomène courant ? Est-ce lié à une biche docile mais qui n’est pas encore vraiment réceptive ? Est-ce dû à une maladresse du cerf ? 

Je n’en sais rien ! Observer la nature apporte toujours plus de questions que de réponses.

Maladroit ou malchanceux, Spat abandonne sa tentative   ©Djepi

👀

Dyrehaven : un magnifique écrin pour observer le brame du cerf   ©Djepi

Vous trouvez ici le reportage sur la saison de BRAME 2021 à Dyrehaven.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

RIVALITES pour un TRÔNE Part. 1

BRAME 2024 4. UN COLOSSE DE CARTON ?

RIVALITES pour un TRÔNE Part. 2