Le BRAME, HEURE par HEURE, JOUR par JOUR /2

Le brame sur la place n°2

La futaie claire du sud de Dyrehaven   ©Djepi

Nous entrons à Dyrehaven par le sud et traversons un massif de futaie claire. 
Le premier cerf que nous rencontrons est Capitaine. La saison 2022 ne semble pas être pour lui d'un meilleur cru que 2021 : aucune biche ne l’accompagne. Malgré sa forte ramure, Capitaine n'est pas un dominant au brame.

Malgré sa taille, Capitaine est seul  ©Djepi

Nous arrivons sur la place de brame « n°2 ». Cette prairie de 5ha environ jouxte la place principale et, l’an passé, elle était sous le contrôle intransigeant d’un très gros cerf arborant 22 cors que j’avais baptisé Twix.

Cette année, tout est tranquille et silencieux, alors qu’un duel d’artillerie résonne déjà sur la place n°1, distante de 300 mètres. Aucune biche en vue… Mais nous repérons, couché paisiblement, un gros cerf portant une ramure d’orignal. 

Un gros cerf à la ramure d'orignal...   ©Djepi

Qui est-ce ? L’examen comparatif des photos me permettra de comprendre que c’est Okay, qui portait au moins 22 cors l'an passé et que j'avais observé, épuisé en fin de brame. Il affiche maintenant 26 cors mais, surtout, ses bois sont exceptionnellement massifs, certainement les plus lourds de l’endroit.

Nous repassons à deux reprises sur la place n°2 ce jour-là, pour trouver Okay toujours sans compagnie. 

Le blues du soir : Okay aimerait avoir de la compagnie   ©Djepi

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Mais au matin du 22, changement de décor. Okay, revigoré, est accompagné d’une quarantaine de non-boisés et fait une cour pressante aux biches. Voyant la harde de la place n°1, contrôlée par Gauguin, qui a fondu de moitié, nous comprenons aisément où il est allé recruter son public !

L'opéra du brame, Okay dans son rôle de basse   ©Djepi

Jusqu’au soir, la situation sera stable, Okay se contentant de presser ses biches et de répondre aux provocations sonores de James et Flash, les deux cerfs satellites qui ne le laissent pas en paix. 

James est un beau 18 cors encore jeune, mais déjà athlétique et qui joue « les sous-marins » entre la place n°2 et la place n°1. 

James énerve les patrons des deux grandes places de brame   ©Djepi

Flash compte 24 cors. Il est de taille moyenne et arbore une ramure assez courte mais très épaisse. Sournois et insistant, il saisit toute occasion de séduire les biches qui s’écartent un instant de la harde d'Okay. Nous n'avons pas fini de le voir à l'œuvre...

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Le 23, pas de visite à Dyrehaven, mais le 24 n’apporte aucun mouvement notable, jusqu’en soirée, sur la place n°2. Pendant ce temps, la place n°1 voisine est en ébullition. 

Au lever du jour, rien de nouveau : Okay est aux commandes   ©Djepi

Vers 19h cependant, Flash sort de sa réserve et de l’ombre épaisse du bosquet humide. D’un pas décidé qui me surprend, il se dirige vers Okay et la harde, tout en bramant. 

Flash se dirige sur Okay et la harde d'un air décidé   ©Djepi

Sans perdre son sang-froid, le maître de place fait mouvement pour le contrer et le tenir à l’écart des biches. Comprenant que quelque chose va se passer, nous nous rapprochons prestement. 

Les cerfs s’arrêtent de part et d’autre du chemin qui cerne la place de brame. Les concurrents éructent, marchent en parallèle de long en large, chacun de son côté du ruban de cendrée. 

Okay va contrer Flash, mais sans franchir la "limite" de sa place de brame   ©Djepi

Aucun des deux n’ose franchir la limite du chemin et après quelques minutes, sans être parvenu à inquiéter Okay qui retourne vers les biches, Flash regagne piteusement les coulisses.

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Le 25 septembre ne connaît aucune évolution. James, sèchement battu la veille par Spat lors d’une maladroite tentative vers la place n°1, somnole entre les arbres, poussant occasionnellement un bruyant soupir. 

Après avoir été sèchement défait par Spat, James se tient à carreau   ©Djepi

Flash sort parfois de l’obscurité pour jeter un regard concupiscent aux biches, mais il évite toute initiative malencontreuse.

Flash ne tente plus rien... pour l'instant ©Djepi

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Le 26 au matin, la zone est vide. Les chasseurs sont venus tirer une bête à l’aube, et toutes les autres se sont réfugiées dans l’épaisseur des zones boisées. La place n°2 est déserte, mais en milieu de journée, Okay réapparaît en compagnie d’un petit harpail. 

Les biches semblent nerveuses et, sous l’impulsion d’une meneuse, un groupe prend la poudre d’escampette vers la lisière Est où attend un beau jeune homme et quelques-unes de leurs cousines. 

Cet après-midi-là, les biches sont fugueuses   ©Djepi

Okay réagit, course les fugueuses et écarte le petit concurrent, mais une partie des biches lui échappe. Craignant de perdre la proie pour l’ombre, il fait demi-tour vers ses compagnes fidèles.

Okay revient parmi ses fidèles   ©Djepi

L’ado s’empresse de harder les fugitives en sous-bois mais un projectile éclate entre les arbres : un cerf adulte qui a tôt fait de le dissuader. Je reconnais de suite sa ramure asymétrique et son air rogue : c'est Le Fourchu.

Fourchu déboule comme une fusée pour récupérer la harde   ©Djepi

Heureux sans doute de retrouver des femelles après sa cuisante défaite de la veille face à Twix, 1km plus au Nord, il brame fièrement et courtise les biches. Pas pour longtemps… 

Un bref instant, Fourchu joue au patron   ©Djepi

Une ombre couronnée glisse prestement entre les arbres et, sans crier gare, le défie en combat. Les têtes se baissent, les bois claquent. Ce sera bref : en quelques secondes, Fourchu est écœuré et s’esquive en maugréant. Le vainqueur regroupe prestement les non-boisés et les emmène. 

Je le retrouve rapidement en lisière de la place n°1 : c’est Flash. 

Flash a récupéré les biches et se comporte en cerf de harde   ©Djepi

Le cerf timide et hésitant que j’avais croisé plusieurs fois est transfiguré. Le voici seigneurial est assertif, au point qu’en soirée, il nous fera comprendre d’un geste de tête qu’il vaut mieux modifier notre route qu’approcher de ses compagnes !

Quand il veut, Flash peut se montrer convaincant   ©Djepi

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Alors que l’ombre se glisse entre les chênes multiséculaires, Okay a de nouveau disparu et la place n°2 est solitaire. 

Venant du côté de la place n°3 gérée sans tumulte par Gaspard - un grand 24 cors aux bois écartés - éclats et agitations entre les troncs attirent notre attention. 

Eclats et agitations entre les troncs attirent notre attention...   ©Djepi

Une jolie troupe de non-boisés veut rejoindre la pâture mais un cerf ambitieux tente de l’en empêcher. C’est James. En l’absence d'Okay, il a récupéré des compagnes mais hésite à endosser le costume de maître de place, sans doute trop large pour lui.

James a récupéré des biches et s'aventure sur la place d'Okay   ©Djepi

Au soir venant, nous quittons à regret le paradis des cerfs. La nuit permettra-t-elle à Flash et James de confirmer leur succès, ou un retour autoritaire d'Okay aux affaires aura-t-il vite refroidi leurs ambitions ? Je penche pour la seconde hypothèse… 

Deux semaines verront encore les monarques se succéder sur les trônes éphémères, entourés de compagnes à peine attentives à leurs virils soucis.

Deux semaines verront encore les monarques se succéder sur les trônes éphémères   ©Djepi

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