Dyrehaven, le pays où les cerfs sont rois. Episode 5/5 : complétons l'affiche

Complétons l’affiche

Je vous ai déjà parlé de Twix et Spat, les deux grands monarques, de l’Eventail, de Flash, de Sylvain, de Sleepy, de Raphaël… tous acteurs animant la vaste scène de Dyrehaven durant la saison du brame. Voici, pour compléter l’affiche, le portrait de quelques autres, rencontrés au hasard de nos longues balades dans les 11 km² de la réserve.

Dyrehaven, cerf
Probablement déçu de son brame, Okay passe sa frustration sur les branchages des alentours. © Djepi
 

Okay est un des premiers cerfs que nous avons croisés dans la réserve, alors qu’il sommeillait dans l’ombre. Son impressionnante ramure comptant 22 cors m’avait semblé extraordinaire, mais au fil des jours, j’ai réalisé que, aux standards de Dyrehaven, elle est parfaitement ordinaire (selon ma statistique, la moyenne chez les cerfs adultes est de 20 cors). Okay est mature. Il semblait fort morose et fatigué en cette fin de brame et cherchait à éviter toute rencontre avec son voisin Gauguin, se contentant de passer ses humeurs sur les branchages.

 

Dyrehaven, cerf
Gauguin porte seulement 14 pointes. Mais quelles pointes ! © Djepi
 

Avec 14 cors « seulement », Gauguin est presqu’une anomalie à Dyrehaven. Était-il plus ramifié avant ? Fut-il un « oublié » de la sélection annuelle réalisée parmi les jeunes cerfs ? Mystère. Quoi qu’il en soit, c’est un beau gaillard à la ramure bien ouverte et qui ferait la gloire d’une de nos chasses. Fatigué et installé dans une vaste prairie en périphérie de la place de brame de Twix, il ne tolérait pas la proximité d’autres mâles, et notamment d’Okay. Je l’ai vu aussi en brame,  s’intéressant aux biches du harem de Sylvain, mais pas réellement hardé. 


Dyrehaven, cerf
Capitaine est un cerf impressionnant qui est parvenu à s'approprier quelques biches. © Djepi
 

Capitaine est un des « monstres » de l'endroit. Sa ramure très évasée est lourde et compte 22 cors bien différenciés. Il est très impressionnant et probablement d'âge mûr. C’est un des cerfs satellites qui tournaient autour de l’empire de Spat, et il fut accompagné quelque temps d’un joli petit harpail, bien dissimulé dans un sous-bois dense. Choix inconfortable pour un gros cerf à la ramure aussi évasée, qui montre qu’il cherchait avant tout à ne pas attirer l’attention de ses voisins.

 

Dyrehaven, cerf
Cassius porte sous l’œil les marques d'une rixe, heureusement sans conséquences. © Djepi
 

Cassius est un cerf adulte et qui sait ce qu’est la bagarre. Son œil droit porte un profond cerne, marque certainement laissée par l’andouiller d’un concurrent lors d’un combat. Mais heureusement, l’œil est sauf. Il affiche 18 cors. Lui aussi est un des satellites de Spat qui a probablement dû se contenter d’un second rôle durant le brame. Début octobre, il était manifestement épuisé.

 

Dyrehaven, cerf
James est un fringuant jeune cerf "qui voudrait bien", mais il n'a pas encore la carrure pour se frotter aux maîtres du ring. © Djepi
 

La belle ramure à 18 cors de James pourrait le faire prendre pour ce qu’il n’est pas encore. Son physique reste « léger », je pense que c’est un cerf qui ne doit pas avoir plus de 5-6 ans et qui sort donc à peine de l’adolescence. Comme les autres de son âge, il tourne autour des hardes rassemblées par les poids lourds mais, ne boxant pas dans la même catégorie, il doit se contenter du rôle de spectateur.

Honneur à ces dames

Les biches sont des actrices plus discrètes que leurs tonitruants compagnons, mais leur rôle dans le brame est des plus importants. On observe à Dyrehaven quelques biches blanches (et aussi quelques cerfs, mais je n’en ai pas croisé). Leur nez est gris, leurs yeux sont bleus, ce ne sont donc pas des albinos mais des leuciques. 

12 cerfs blancs ont été importés de Saxe en 1737 et les cerfs et biches blancs d’aujourd’hui en sont les descendants. Chaque année, certains sont exportés vers des parcs de vision en tant que « curiosités ». Cette variation de pelage est cependant naturelle, tout comme les pelages très sombres. 

Dyrehaven, biche blanche
Quelques pourcents de la population de cerfs élaphes de Dyrehaven appartiennent à une forme leucique. © Djepi
 

En début octobre, certains faons tétaient encore leur mère. Ces faons tardifs sont mal préparés pour l’hiver et, dans son objectif de contrôler l'effectif de la population de cerfs, l’administration les désigne au prélèvement sélectif.

Dyrehaven, biche et faon
Ce faon tardif qui tête encore au début d'octobre, sera probablement désigné au prélèvement sélectif de l'hiver. © Djepi

 

Les petits cousins

S’il occupe évidemment le devant de la scène par sa prestance durant le brame et s'attire le plus de curieux, le cerf élaphe n’est pas l’unique espèce de cervidés à offrir du spectacle à Dyrehaven.

Dyrehaven, cerf Sika
Moins impressionnant que le cerf élaphe, le Sika est magnifique et tout aussi intéressant par son comportement. © Djepi

Le cerf Sika est peu abondant dans la réserve : 100 individus seulement. Son rut démarre un peu après celui de son grand cousin et se prolonge plus longtemps. Il n’est pas indigène en Europe, c’est une espèce de l’Est asiatique, importée au 19è siècle pour l’amusement de ceux qui aiment tuer les animaux. Il en existe actuellement des populations sauvages, notamment en Grande Bretagne. Ses mœurs sont fort semblables à celles du cerf élaphe. 

Dyrehaven, cerf Sika, biches
Les biches Sika sont très élégantes. Elles vivent en hardes, avec leurs jeunes et séparément des mâles, comme leurs cousines élaphes. © Djepi
 

Durant le rut, les mâles Sikas rassemblent de petits harems et excluent jeunes et rivaux. Comme les élaphes, ils se roulent dans la boue (on dit qu’ils se laquent) et arrachent la végétation avec leurs bois. Leurs ramures sont réduites, dépassant rarement 8 cors, mais cette faible ramification les rend dangereuses, et les affrontements sont donc rares. Le raire du cerf Sika est étrange, évoquant le hurlement désespéré d’un jeune enfant. La biche est élégante, tachetée en été comme un daim. 

Dyrehaven, cerf Sika
Le cerf Sika en rut est aussi expressif, mais moins bruyant que le cerf élaphe. © Djepi
 

En théorie, le Sika peut s’hybrider avec l’élaphe, mais la différence de taille entre les espèces (le Sika est nettement plus petit, les mâles atteignent 50 kg seulement, pour 200 kg à l'élaphe) est telle que cela ne se produit qu’exceptionnellement en pratique.

 

Dyrehaven abrite un cheptel de 1600 daims. Autant dire qu’ils sont partout ! Dans les grandes prairies centrales, on peut voir des troupes de plusieurs centaines d’animaux. L’espèce est originaire du Proche Orient et a été importée en Occident dans l’Antiquité. On observe toutes les formes de pelage, depuis le blanc jusqu’au noir. Le rut du daim est bruyant et énergique. Il commence quand celui du cerf est terminé. Les combats entre mâles sont alors nombreux, mais sans risque réel de blessure grave, vu la forme de la ramure.

Dyrehaven, daim
Ces mâles de daims commencent à se mesurer, en vue du rut. © Djepi
 

Lors de notre visite , le rut du daim n’avait pas encore débuté et nous avons dû nous contenter de voir quelques mâles passer leur humeur en s’en prenant aux branchages à leur portée ou en retournant l'herbe avec leurs bois. 

Dyrehaven, daim
Énervé par l'approche du rut, un daim mâle s'en prend à la végétation. © Djepi


 

Pour celui et celle qui aime observer et comprendre les comportements, comme pour les amateurs de spectacle naturel, ce que proposent les cervidés de Dyrehaven en automne est sans égal.


Dyrehaven, brame du cerf
Exclusivité de Dyrehaven en octobre 2021 : Twix en représentation devant ses dames. Djepi

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