BECS et ONGLES 2

L'Aigle bateleur est le plus charismatique des rapaces du PN Kruger © Djépi

Photos : Isa, Nad et Djepi

Texte : Djépi

La première partie du chapitre Becs et ongles est ici.

Alors que je me suis glissé hors du lit dès l’aube, au lendemain de notre arrivée, et que je promène mes jumelles dans la banlieue verdurisée de Johannesburg où nous faisons étape, un voisin sort de chez lui et me fait signe. Surpris de rencontrer un ornitho européen au bout de son jardin, il m’explique que c’est un bon endroit pour observer les oiseaux, me cite quelques espèces et, très serviable, propose de me céder son guide ornitho pour une bouchée de pain ! Je le remercie : j’ai déjà ce qu’il faut.

L'Ibis hagedash est un hôte abondant des environnements humanisés © Djépi

Une massive silhouette perchée en hauteur assomme le quartier de ses appels tonitruants : l'Ibis hagedash, inattendu pour moi mais un hôte abondant des environnements humanisés. Nous le retrouverons sur les berges des rivières de Kruger.

J’identifie ensuite le Martin triste, espèce d’étourneau assez envahissante d’origine asiatique. Son nom français est plutôt mal choisi car il est au demeurant superbe. Comme beaucoup d'autres, il est extrêmement farouche, bien plus que les oiseaux de nos villes, et le photographier me demandera temps et ruse.

Le Martin triste est un étourneau d’origine asiatique © Djépi

Des profils familiers en bas d'une haie : des Merles du Karoo qui sont ici en hivernage. En taille et en attitudes, ils ressemblent fort à nos Merles noirs dont ils sont des parents proches.

Les Merles du Karoo sont des parents proches de notre Merle noir © Djépi

Comme l’hiver n’est pas vraiment froid à Johannesburg et que la végétation est verte toute l’année, certains oiseaux sont vocaux 12 mois sur 12. Par exemple, l’omniprésent Bulbul des jardins régale la galerie de son beau chant flûté.

Le Bulbul des jardins chante 12 mois sur 12 © Djépi

Tisserin à tête rousse © Djépi

Près d'une mangeoire de jardin, un oiseau jaune me surveille d'un regard vif : un tisserin à tête rousse en plumage d’hiver.

Il y a beaucoup de moineaux aux alentours, et ils sont magnifiques, plus contrastés que les nôtres. Ce sont des Moineaux mélanures.

Belle surprise sur une esplanade enherbée, au milieu de la circulation matinale : adossés à une clôture, deux oiseaux à hautes pattes sont assoupis. Je m’approche avec des ruses de Sioux, mais ils n'en ont cure et restent impassibles. Ce sont des Œdicnèmes tachards. En Afrique du Sud, les œdicnèmes sont citadins !

L'Oedicnème tachard est un citadin ! © Djépi

Coliou quiriva © Djépi

D’étranges OVNIs à longue queue filent comme des flèches, se posent nerveusement un bref instant au sommet des arbres et repartent aussitôt pour revenir peu après. Je parviens à mieux les voir : des Colious quiriva et des Colious rayés. Ce sont des espèces forestières qui se sont adaptées aux jardins arborés.

A côté, un gros colombiforme évoquant notre ramier se gave de baies sur la cime d’un arbuste. Il est magnifique avec son plumage ardoisé et bordeaux et me laisse approcher un peu. C’est un pigeon rameron.

Le pigeon rameron se gave de baies © Djépi

Bien d'autres espèces passent devant mes jumelles... Le voisin ornitho avait raison : étonnante brochette d’observations sur les trottoirs et dans les jardins ! Espèces courantes, certes, mais 100% dépaysantes pour l'Européen que je suis.

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Trois semaines plus tard, lors de notre escale de retour, nous terminons l’après-midi par une balade d’observation dans le vaste domaine du golf voisin.

La spatule d'Afrique est une espèce fréquente © Djépi

Un golfeur fait le détour pour nous expliquer que la Spatule d’Afrique que nous observons avidement est très fréquente, mais qu’il vient par contre de rencontrer une espèce rare un peu plus loin. Un panneau informatif nous apprend que de nombreux migrateurs de passage s’arrêtent ici et que le site est géré pour les accueillir.

L'Ibis sacré © Djépi

Sur les plans d’eau du domaine, au bord des roseaux, nous découvrons l’Ibis sacré alors que les Foulques caronculées se promènent d’un air bonhomme au long des berges. Des cormorans d’Afrique sont perchés dans les arbres et des Anhingas nous survolent. Jumelles et téléobjectifs ont décidément fort à faire !

Des Anhingas nous survolent © Djépi

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Au cours de notre périple, nous avons passé quelques jours près du canyon de la Blyde River. Notre gîte était niché au milieu des bois, dans les collines, et les parterres des jardins étaient bien fréquentés. A l’arrivée du soleil, des petits oiseaux très colorés prenaient d’assaut les massifs fleuris : des Souimangas à plastron rouge. Craintifs, sans cesse en mouvement, ils sont difficiles à photographier, mais ils valent bien les heures que nous leur avons consacrées.

Des oiseaux très colorés prennent d’assaut les massifs fleuris : des Souimangas à plastron rouge © Djépi

Plus gros, le Souimanga malachite qui nous a fait l’honneur de passer était un jeune en plumage de transition. Adulte, il sera vert métallique et portera mieux son nom.

Un Souimanga malachite en plumage de transition © Djépi

Souimanga améthyste © Djépi

Haut dans les arbres, résonnent des appels brefs : des Souimangas améthystes qui paraissent noirâtres. Leur gorge étincelante ne se dévoile que quand elle accroche un rayon de lumière.

Consommateurs de nectar, les souimangas occupent en Afrique une niche écologique semblable à celle des colibris en Amérique.

Une troupe de petits oiseaux mi-familiers, mi-farouches joue à cache-cache dans les buissons avec le photographe : des Capucins nonettes.

Des Capucins nonettes jouent à cache-cache avec le photographe © Djépi

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Mais venons-en aux choses sérieuses : les rapaces de Kruger! Dans le milieu semi-ouvert, riche en proies et en charognes de la savane, ils sont évidemment nombreux.

Le plus charismatique est le magnifique Aigle bateleur. Nous ne sommes pas habitués à voir des rapaces colorés, il faut donc en profiter ! Noir et blanc en dessous, il arbore des serres et un bec rouge vif. Sa silhouette presque anoure est caractéristique. Comme bien d’autres dans le parc national, il est peu craintif et se laisse admirer à courte distance.

La silhouette de l'Aigle bateleur est caractéristique © Djépi

Le Pygargue vocifère © Djépi

Dans les mêmes couleurs et tout aussi célèbre, le Pygargue vocifère, grand aigle pêcheur dont la voix est particulièrement sonore (mais nous ne l’avons pas entendue). On l’observe régulièrement au bord des larges rivières et des grands plans d’eau.

L’Aigle ravisseur se rencontre très souvent au fil des pistes, posé sur un arbre mort ou même à l’abreuvoir. C’est sans doute le moyen rapace le plus abondant du parc Kruger, à moins que ce ne soit l’élégant Aigle fascié qui, avec sa poitrine blanche, n’est pas sans rappeler notre Aigle de Bonelli.

L’Aigle ravisseur se rencontre très souvent posé sur un arbre mort © Djépi

L’élégant Aigle fascié n’est pas sans rappeler notre Aigle de Bonelli © Djépi

L'Aigle martial, le plus puissant rapace d'Afrique © Djépi

L’Aigle martial est plus puissant et plus distant. Il plane souvent très haut et ne vient pas volontiers se percher près des pistes. Il faut se contenter d’observations lointaines, mais l’apercevoir reste un moment spécial.

Parmi les rapaces plus petits (faucons, éperviers, autours), le léger élanion blanc – la même espèce qu’en Europe – n’hésite pas à venir faire son show de vol stationnaire devant l’objectif.

Son agilité et son plumage lumineux en font un sujet très photogénique.

L'Elanion blanc fait son show devant l'objectif © Djépi

L’abondance de grands prédateurs (lions, léopards, guépards, hyènes) persille la savane de savoureuses carcasses. Une aubaine pour les vautours, qui sont nombreux. Le plus classique est le Vautour africain, assez semblable à notre Vautour fauve.

Le Vautour africain profite des carcasses abandonnées par les fauves © Djépi

Vautour oricou © Djépi

Il forme parfois des groupes mixtes avec le grand Vautour oricou, espèce dominante sur les charognes, et le Vautour chassefiente dont le nom indique les préférences alimentaires…

Bien entendu, il y a aussi des rapaces nocturnes mais, comme on est confiné au camp entre le coucher et le lever du soleil, il n’est pas facile de les rencontrer !

Grand-duc de Verreaux © Nad

Un jour, très tôt le matin, nous avons repéré une silhouette massive dans un arbre au bord de la route. Impossible de distinguer le moindre détail dans l’obscurité, mais les photos nous ont par la suite permis de reconnaître un jeune Grand-duc de Verreaux.

A l’autre bout de l’échelle de taille, et à l’autre extrémité du jour, nous avons rencontré la Chevêchette perlée, minuscule gnome agité à l’air renfrogné.

La Chevêchette perlée, minuscule gnome agité © Djépi

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Impossible de clôturer ce chapitre emplumé sans évoquer les magnifiques vanneaux.

Le Vanneau armé est l’espèce la plus fréquente, depuis les flaques de la savane jusqu’aux pelouses urbaines. Il a exactement l’allure un peu raide de notre Vanneau huppé.

Le Vanneau armé a l’allure un peu raide de notre Vanneau huppé © Djépi

Sur les berges, il se dispute parfois la préséance avec un cousin de taille comparable et affublé d’étranges « moustaches » jaunes : le Vanneau du Sénégal.

Le Vanneau du Sénégal et ses étranges appendices jaunes © Djépi

Loin de l’eau, dans les broussailles brûlées de la savane qui constituent son habitat naturel, nous avons rencontré le beau vanneau couronné portant fièrement son diadème noir.

Le beau Vanneau couronné vit dans les broussailles de la savane © Djépi

Dans un autre article, j'ai cité plus d’oiseaux liés aux milieux aquatiques et, ci-dessous, vous trouvez une galerie des autres espèces photographiées durant le séjour.

Pour les autres récits sur le parc national Kruger, cliquez ici.

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