RIVALITES pour un TRÔNE Part. 2

 Images et photos : Djépi

La couronne impériale, la plus convoitée, est celle de la « place centrale ». C’est sur cette prairie d’une vingtaine d’hectares, enceinte de zones boisées, que rivalisent les cerfs les plus ambitieux. Pourquoi là, alors que les biches n’y sont pas plus nombreuses qu’autre part et que promeneurs, joggeurs et cyclistes – parfois tapageurs - abondent aux alentours ? Seuls les cerfs le savent…

Flash sur le toit du monde  © Djepi

Voyez ICI la galerie de portraits des cerfs du brame 2023

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Luttes au sommet

Lors de mes précédentes visites, le redoutable Spat régnait en grand seigneur sur cette place n°1. L’an passé, Sleepy y avait brièvement tenté sa chance avant d’émigrer sur Trepile. Gauguin, lui, avait insisté, jour après jour, jusqu’au bout de ses forces, mais sans succès : l’intraitable Spat avait conservé sa couronne d’un bout à l’autre du rut.

Flash : l'histoire d'une fulgurante ascension   © Djepi

Surprise donc cette année, Spat n’est pas là. Un autre cerf a pris le contrôle de la place : Flash. 

Remuant mais simple satellite de Twix à Dousbad Mose en 2022, il avait fini par s’approprier momentanément la harde à la fin du brame. Et cette année, il occupe le trône impérial : quelle fulgurante ascension !

Les bois de Flash sont ramifiés (22 cors) et extrêmement massifs, avec des merrains épais comme des manches de pioche. En corpulence il a nettement progressé, et manifestement aussi en caractère. C’est la clé de son succès, car sur la place centrale, la concurrence est sans pardon.

Flash dépense beaucoup d’énergie à rabrouer les jeunes inconscients   © Djepi

De jeunes inconscients font de temps en temps irruption et Flash dépense beaucoup d’énergie à les rabrouer impitoyablement. S’accrochant à ses rêves, Gauguin observe, de loin, sans rien tenter.

 Gauguin observe, de loin, sans rien tenter   © Djepi

Quoique plus léger de bois, Sleepy (20 cors, c’est plutôt modeste pour un adulte à Dyrehaven), est le principal rival. Du matin au soir - et sans doute aussi du soir au matin, mais je ne suis pas là pour le voir 😁 -, sans répit, il le défie en s’approchant de la harde. Sous un tonnerre de raires, les cerfs se mesurent, marchent en parallèle, tentant mutuellement de s’impressionner.

Sleepy (à droite), plus léger de bois, se mesure à Flash   © Djepi

Flash veille à faire écran et à garder sa trentaine de biches aussi loin que possible de Sleepy, qui tente de le contourner. Les cerfs se frôlent et à de multiples reprises, les têtes se baissent en invitation au combat. Plus jeune sans doute, pas encore rassuré sur sa suprématie, Flash est nerveux et très agressif. C’est lui qui cherche à provoquer le combat. 

Très agressif, Flash (à gauche) provoque Sleepy   © Djepi

L’expérimenté Sleepy évalue les risques et mesure ses efforts. Encore et encore, les cerfs se jaugent et se séparent sur un statu quo. 

Un bref choc des bois le 25 n’y changera rien : Flash garde le contrôle de la harde et, comme en 2022, Sleepy émigre sur Trepile dès le 26 septembre.

Flash (à gauche) et Sleepy s'affrontent brièvement   © Nad

Comme en 2022, Sleepy trouve son bonheur sur Trepile   © Djepi

Le 27 en soirée, un gros cerf somnole sur le bas de la prairie. Il se lève, bramote et fraie brièvement ses bois dans l’herbe. Je le reconnais sans peine : c’est Spat. Il paraît usé. Il a vieilli, sa gloire est éteinte, l’ancien empereur doit maintenant se contenter d’un simple rôle de spectateur.

Spat a vieilli, sa gloire est éteinte   © Djepi

Le 29 au matin, alors que le brame a fortement décru, je rencontre Flash épuisé, solitaire, sans réaction au passage de deux biches, affalé dans un pré boisé. Ce qui reste de sa harde a été récupéré par Offenbach, un second couteau. Flash s’est maintenu une semaine au moins sur le trône suprême, pas mal pour un jeune monarque.

Le 29 au matin, Flash est épuisé, amorphe   © Djepi

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Ultime baroud

Le 30 au matin, il y a du rififi sur la colline stratégique entre la place n°1, Trepile et Tårbaek où je me trouve. Je me presse pour voir ce qu’il se passe et aperçois une harde comptant plus de 50 non-boisés. 

Le dos des biches moutonne comme les vagues d’une mer agitée par deux croiseurs de bataille. Les grands cerfs en émoi fendent les flots de gauche à droite, en faisant tonner l’artillerie. Je vois mal les rivaux, éloignés et cachés par le relief et la masse des biches. Seuls leurs bois émergent. 

Flash (à droite) et Sleepy : l'ultime baroud   © Djepi

En hâte, je prends des photos qui pourront m’aider à les identifier plus au calme. Elles parlent : Flash a retrouvé assez d’énergie pour affronter à nouveau Sleepy, toujours vaillant et qui a tenté de joindre à sa harde celle de son concurrent.

Toute la troupe en ébullition file vers la place centrale. Elle peut couper à travers tout alors que moi, observateur respectueux, je m’en tiens au règlement qui interdit de quitter les chemins en période de brame. Et quand j’arrive enfin, plus aucun cerf en vue… Une photographe danoise m’explique qu’un troisième larron plus jeune est venu tirer les marrons du feu en écartant les deux poids lourds fourbus, puis que tout s’est dispersé, suite à l’intrusion de promeneurs bruyants.

Offenbach s'invite un moment dans la cour des grands   © Djepi
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Clap de fin

Nous quittons Dyrehaven le 30 septembre. Ce matin, sur Tårbaek, Cassius est apaisé. Il s’est remis à brouter distraitement et tolère sans la moindre agressivité la proximité d’un jeune cousin. Cette saison de brame fut-elle pour lui un succès ? Il a en tous cas tenté crânement sa chance. 

Sous l'oeil d'un jeune cerf, Cassius s'est remis à brouter   © Djepi

Affalé à l’ombre, au bord des grandes prairies de l’Hermitage qui furent le théâtre de ses exploits, Bobo se repose, pensif. L’an passé, il ne fut qu’une comète de passage au firmament du brame, mais cette saison, il a tenu un rôle de star. Quid de l’an prochain ?

Clap de fin pour bobo, après une saison réussie   © Djepi

Un peu à l’écart, un jeune 16 cors nous observe depuis le sous-bois. Il est curieux, gracieux, encore fringant. Dès notre arrivée, 6 jours plus tôt, je l’ai vu rôder aux marges des grandes places de brame, guettant l’instant de faiblesse d’un monarque. Il est encore trop léger pour affronter les cadors, mais c’est un ambitieux. Un trône s’offrira-t-il à lui dans quelques années ?

Un jeune 16 cors, trop léger pour affronter les cadors. Et l'an prochain ?   © Djepi

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En extra : Dyrehaven sous la brume

La place centrale   © Djepi

Tårbaek   © Djepi

Trepile   © Djepi

© Djepi

© Djepi









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