Les PROFONDEURS de l’OUBLI

Pour moi, explorer un site désaffecté, c’est avant tout ressentir une ambiance. Cela ne va pas de soi : il faut déambuler, fouiner, laisser courir ses sens et son esprit, se documenter, revenir à d’autres moments, sous d’autres lumières.

Urbex charbonnage
Que s’est-il passé à cet endroit, qui y a vécu ou travaillé… ? © Djepi


Généralement, c’est le poids de l’Histoire que je perçois, de plus en plus pressant au fil des visites, parfois angoissant. Que s’est-il passé à cet endroit, qui y a vécu ou travaillé… ?    

Mais ici, c’est différent, je perçois à peine le passé. C’est comme si le présent l’avait étouffé.


Urbex charbonnage
Le passé lui-même a oublié l'endroit  © Djepi

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La société possédant ce petit charbonnage créé en 1865 cessa toute activité le 15 mars 1964. Les bâtiments et le terrain ont ensuite connu différentes affectations peu glorieuses, et ils furent complètement abandonnés en 1988. Jour après jour, lentement, inexorablement, le temps s’est écoulé. 

Et aujourd’hui, on dirait que le passé lui-même a oublié l’endroit.


Urbex charbonnage
Baisser la tête et se laisser absorber par l’océan vert.  © Djepi

La végétation a combattu sans relâche durant toutes ces années, et elle a gagné la guerre. Petites ou grandes, les bâtisses ont fini par baisser la tête et se laisser absorber par l’océan vert, jusqu’à en faire partie. Les toitures se sont envolées au fil des vents. A l’intérieur, les vandales n’ont laissé que des débris de débris, des poussières de poussières.

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Urbex charbonnage
A l’intérieur, le chaos est total.  © Djepi

La première plaie béante qui m’invite à entrer est la porte de bureaux ou d’une conciergerie. Ce fut une jolie maisonnette, mais maintenant, à l’intérieur, le chaos est total. 


Urbex charbonnage
Un petit rideau sale, comme gêné d’être encore là...  © Djepi 

Un papier peint passé de mode se replie sur lui-même, un petit rideau sale pend tristement au-dessus de la porte, comme gêné d’être encore là. Un évier improbable est toujours accroché près de ce qui fut une douche. 

Franchi un seuil dont le rouge vif se flétrit, c’est la surprise : l’épave silencieuse d’un piano trône dans une salle totalement sinistrée dont le plafonnage s’est éboulé au pied des murs. 

Comment est-elle arrivée là ? 


Urbex charbonnage
L’épave silencieuse d’un piano  © Djepi 

Des mains certainement trop malhabiles pour tapoter Frère Jacques ont trouvé assez de talent pour arracher les touches et défoncer l’instrument. 
Vandaliser un piano, c’est comme gifler la Musique.

Pourtant, l’art, le vrai, celui qui crée et étonne, est bien présent autour de moi. A gauche, à droite, en haut, en bas, des regards se posent sur le visiteur. L’extraordinaire artiste qui dessine ses énigmatiques visages au gré des sites urbex de la région (j’avais déjà pu admirer son travail dans un autre endroit) est aussi passé par ici, et son imagination fut sans limite.


Urbex charbonnage
Son imagination fut sans limite.  © Djepi

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Au-delà des bureaux, ce sont les ateliers et magasins, ruines décapitées, écartelées. L’amas des débris est tellement confus qu’il est impossible de deviner ce que put être l’usage des locaux… et parfois simplement difficile de marcher ! 


Urbex charbonnage
Le soleil joue avec les couleurs vives des tags.  © Djepi

Le soleil qui traverse charpentes et planchers dénudés joue avec les couleurs vives des tags. Et partout, les sourcils étonnés des étranges visages.


Urbex charbonnage
Les sourcils étonnés des étranges visages  © Djepi

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Il faut traverser un lambeau de brousse pour atteindre le haut bâtiment de la chaufferie. Au sol, les rails des wagonnets courent encore. Blotti dans un coin, un escalier en colimaçon bancal s’élance vers l’étage de béton. 


Urbex charbonnage
Un escalier en colimaçon s’élance vers l’étage.  © Djepi

Du lierre et de nombreux arbres ont glissé leurs racines dans ses fissures, pour récolter une eau que le toit n’arrête plus depuis longtemps. On se croirait dans une serre. 


Urbex charbonnage
De nombreux arbres ont glissé leurs racines dans les fissures.  © Djepi

Les puissants murs de briques encadrés de poutrelles métalliques n’ont pas une lézarde. Les baies en plein cintre aux arcs décorés de briques jaunes nous rappellent que la construction date des premières années du 20è siècle ou de la fin du 19è, âge d’or du bassin houiller carolorégien.


Urbex charbonnage
Une machine d’acier, rongée par la rouille  © Djepi

Les vestiges d’une machine d’acier, rongés par la rouille, élancent vers le ciel une large cheminée de tôle rivetée. Dans ses entrailles, on devine des rotors de turbines.

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Urbex charbonnage
Une antique canalisation se fraie un chemin au-dessus des branches. © Djepi 

Une antique canalisation se fraie un chemin au-dessus des branches pour rejoindre la salle des machines voisine. Au centre de l’énorme cathédrale décoiffée et démangée de lierre, incongrue, une pelleteuse ruinée et peinturlurée dort de son dernier sommeil. 

Urbex charbonnage
Incongrue, une pelleteuse ruinée et peinturlurée   © Djepi

Vient-elle du temps où la sidérurgie carolorégienne utilisait l’endroit pour épandre ses scories ? 

Quelques vitraux ternis garnissent encore les cadres métalliques des hautes fenêtres. 


Urbex charbonnage
La chlorophylle omniprésente rend l’atmosphère presque chaleureuse. © Djepi

Le soleil généreux et la chlorophylle omniprésente rendent l’atmosphère presque chaleureuse. Mais sur le mur du fond, dissimulé derrière des arbrisseaux, un visage gris essuie ses larmes. Pleure-t-il les 17 mineurs qui, en 1920 (12) et 1930 (5) laissèrent leur vie ici, au fond du gouffre… ?


Pleure-t-il les 17 mineurs qui laissèrent leur vie ici ?   © Djépi

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La dernière étape est celle des vestiaires-douches. Le bâtiment est ravagé, les vandales y ont déployé une violence presqu’inimaginable. Portes, fenêtres et tout le reste a été arraché. 


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Les vandales ont déployé une violence presqu’inimaginable.  © Djepi

Le sol est jonché de détritus sur une forte épaisseur. Les tags se résument à d’informes projections de peinture. Dans les nombreuses cabines de douches, s’amoncellent des débris en tout genre. 

Sans doute est-ce l’incrédulité devant tant de médiocrité et d’acharnement qu’il faut lire sur les visages de l’artiste.


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L’incrédulité devant tant d’acharnement  © Djepi

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A côté du bâtiment des vestiaires, une étroite coulée se faufile dans la végétation et m’attire. Sur le sol, une dalle de béton recouvre un des puits et porte son identification, ses caractéristiques et sa date de colmatage. Je ne trouverai pas le second puits, perdu dans l’inextricable agressivité des ronces. La mine descendait ici à 1350m sous la surface, c’était une des plus profondes du pays.


Urbex charbonnage
© Djepi

En 1963, puis 1965, les deux fosses du site furent refermées. En 2002, les chevalements furent démontés, abandonnant les bâtiments en ruines à l’étreinte des arbres et laissant le site sombrer dans les profondeurs de l’oubli.

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Fontaine l'Evêque, Site n°5, Puits Epinois, 1923-1963   © Djepi

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Les profondeurs de l’oubli  © Djepi

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Voyez mes autres reportages Urban Exploration  

Les visages


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Pêle-mêle

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Un papier peint passé de mode se replie sur lui-même.   © Djepi

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Franchi un seuil dont le rouge vif se flétrit...   © Djepi

Une salle totalement sinistrée dont le plafonnage s’est éboulé  © Djepi

Lentement, inexorablement, le temps s’est écoulé. © Djepi

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Vandaliser un piano, c’est comme gifler la Musique.   © Djepi

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Ce fut une jolie maisonnette.   © Djepi

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Le soleil qui traverse charpentes et planchers dénudés...    © Djepi

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On se croirait dans une serre.    © Djepi

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Il faut traverser un lambeau de brousse pour atteindre le haut bâtiment.   © Djepi

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La construction date de l'âge d’or du bassin houiller carolorégien.   © Djepi

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Quelques vitraux ternis garnissent encore les cadres métalliques.   © Djepi

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Portes, fenêtres et tout le reste a été arraché.    © Djepi

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Au sol, les rails des wagonnets courent encore.    © Djepi

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Que s’est-il passé à cet endroit, qui y a vécu ou travaillé… ?    © Djepi

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On dirait que le passé lui-même a oublié l’endroit.   © Djepi

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