BRAME 2025 1. A STAR IS BORN
Le premier cerf qui s’offre à notre vue, sur le bas des prairies centrales ©Djepi |
Photos et texte : Djépi
Quand nous entrons dans Dyrehaven, le 18 septembre 2025 alors
que le jour déploie son voile doré, le brame est déjà bien lancé. Sur notre gauche, vers la
remise de Tårbaek, cela s’agite, comme chaque
année.
Le premier cerf qui s’offre à notre vue, sur le bas des
prairies centrales, nous étonne un peu. C’est certes un bel animal affichant 18
cors, mais il est manifestement jeune et d’un format modeste pour les standards
locaux. Pourtant, il est joliment hardé.
Il est d’un format modeste pour les standards locaux. Pourtant, il est joliment hardé © Djepi
Un ranger, avec qui je discute peu après, me confirme que le
cerf a 6 ans seulement, mais qu’il était déjà actif au rut, l’an passé. En raison de sa combattivité, il a été baptisé d’un nom de
boxeur : Tyson.
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Un ambitieux gamin
Je retourne dans mes archives photographiques et découvre un jeune 16 cors qui m’était apparu le 26 septembre 2024 et avait montré un grand intérêt pour les biches. Vu son aspect particulièrement banal, je l’avais étiqueté du nom de Lambda.
Mais la ramure de Lambda est très semblable à celle
de Tyson, et un autre détail vient confirmer mon hypothèse. Trait peu habituel
chez les cerfs, Tyson bave de la salive à la commissure des lèvres, et Lambda
faisait de même. Tyson est donc bien « mon » Lambda de 2024 !
En 2024, Tyson montrait déjà un grand intérêt pour les biches © Djepi
Grattant un peu plus loin dans mes archives, je tombe sur un jeune cerf effronté s’immisçant au brame le 24 septembre 2023, les bois tout enduits de boue. Il affiche 14 cors et la forme de ses bois me laisse peu de doutes : c’est Tyson. Il n’avait alors que 4 ans mais dressait déjà son frêle clocher parmi les cathédrales !
2023 : un jeune cerf effronté, les bois tout enduits de boue © Djepi |
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Tyson s'accroche
Le 18 en soirée, Tyson est toujours en place. Il s’est installé pile à l’endroit où la concurrence entre les mâles est la plus intense. Dans les sous-bois de la remise adjacente de Chausseen, le tohu-bohu est continuel. A un jet de pierre, se trouvent les places de Trepile, de Tårbaek, de Dousbad Mosse, où évoluent des cerfs d’un tout autre calibre que lui. Je ne lui donne pas beaucoup de chances de se maintenir… Mais Tyson s'accroche.
Tyson s'est installé pile à l’endroit où la concurrence entre les mâles est la plus intense © Djepi
Le 19 au matin, il est fidèle au poste, s’empressant autour des biches et avertissant crânement tous les voisins de sa présence.
Au soir,
après 19h30, alors que la lumière s’enfuit, il y a du tapage sous les arbres de
la remise. Aux jumelles, j’aperçois deux cerfs en grande discussion, et l’un
d'eux est Tyson. Je ne reconnais pas de suite l’autre, mais c’est de la catégorie
poids lourds. Les animaux brament, se toisent, entament une marche parallèle.
Les têtes se baissent mais se relèvent aussitôt, sans combat. Tyson tient tête à
l’armoire à glaces, et l’altercation se prolonge. Je tente quelques photos.
Tyson (à gauche) tient tête à l’armoire à glaces © Djepi
Un quart d’heure plus tard, toujours en marche parallèle,
les deux cerfs émergent à découvert. Quoiqu’il fasse presque noir, je vois mieux
le concurrent : c’est Sleepy, ultra-dominant de désormais 12 ans et Number
One incontesté en 2024. Tyson a du cran !
Brusquement, l’atmosphère s’électrise. Les cerfs se font face, les ramures s’inclinent, et c’est le choc. On pousse, on tourne, mais cela ne dure que 30 secondes. Sleepy se relève et les rivaux reprennent la marche parallèle, puis Sleepy regagne le haut des prairies ou l’attend sa harde.
Pour Tyson, c’est comme une victoire : il a conservé sa place !
Les cerfs se font face, les ramures s’inclinent, et c’est le choc © Djepi
Deux jours plus tard, le 21, nous sommes à Dyrehaven au lever du jour. C’est à nouveau l’agitation dans la remise au bas des prairies, et Tyson est inévitablement de la partie. Je distingue à peine les concurrents. L’autre cerf a une lourde ramure très serrée, tout en hauteur : ce n’est donc pas Sleepy. Durant près de 10 minutes, ça se frotte, s’insulte, s’intimide. Les têtes se croisent, mais aucun des deux cerfs ne se décide à combattre.
Ca se frotte, s’insulte, s’intimide © Djepi
Je reconnais l’adversaire de Tyson : Hallelujah, un costaud qui affiche au moins 20 cors. Il restera dans les parages encore plusieurs jours à tenter sa chance sans succès, avant de partir se harder plus à l’Ouest, à la limite de la zone centrale.
Regardez la biche, on va avoir une saillie !
Le 22 en soirée, nous observons un étrange manège qui ne m’est pas inconnu : une biche de la harde monte Tyson. La photographe franco-danoise qui est à côté de moi, avec qui je bavarde et qui est une fine connaisseuse des cerfs de Dyrehaven, me dit « Regardez la biche, on va avoir une saillie ! Préparons-nous. ». Elle m’explique le comportement : la biche signale au mâle qu’elle est prête pour l’accouplement.
La biche signale au mâle qu’elle est prête pour l’accouplement © Djepi
Et en effet, quelques minutes plus tard, Tyson se hisse sur son dos. Mais au bout de quelques secondes, il retombe sans être « monté en chandelle », ce qui veut dire qu’il n’a pas éjaculé. Qu’à cela ne tienne, la biche a de la suite dans les idées, et elle le sollicite à nouveau ! Tyson répond présent et, cette fois, monte si haut en chandelle qu’il sort du cadre de ma photo…
Tyson monte si haut en chandelle qu’il sort du cadre de ma photo © Djepi
A star is born
Le 24 au soir, lors de notre dernière visite dans la réserve, Tyson est toujours de service. Certes, au fil des jours, sa harde a fondu comme neige au soleil, il n’est plus accompagné que de quelques biches, mais il est toujours maître de place, et ce depuis une semaine au moins. Plus important, il est parvenu à s’accoupler, et certainement de multiples fois. Pour un cerf de 6 ans et de taille moyenne, une telle réalisation sort de l’ordinaire.
Avec Tyson, a star is born.
Un bel animal affichant 18 cors © Djepi
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