Les REGARDS du PASSE
J’aime visiter les lieux abandonnés, à la recherche d’un frisson, d’un clin d’œil du passé. Nostalgie de temps qui ne reviendront pas ? Simple curiosité teintée de voyeurisme ? Espoir de pittoresque pour mon objectif photo ?
Un peu de tout cela, sans doute.
Internet m’apprend que les bâtiments, construits en 1934, ont connu d’autres vies, moins glorieuses.
Ils ont hébergé un zoo, ou plutôt un univers concentrationnaire pour animaux dont les quelques vestiges hérissés de grillages sont pathétiques, puis une casse automobile qui a contaminé les sols, avant de devenir enfin un dépotoir de carcasses pour les moutons sacrifiés à la fête de l’Aït.
Grandeur et décadence...
Trop vide : ce qui pouvait avoir un peu de valeur a été arraché.
Il faut bien quelques fleurs d’été et les barbouillages bariolés des taggeurs pour apaiser la morosité de l’endroit.
Mon instinct m’a poussé à revenir et j’ai pénétré plus avant dans les entrailles du cadavre de béton, me faufilant par des escaliers dérobés, me glissant dans la quasi-obscurité glauque des caves. Et je n’ai pas été déçu.
J’ai admiré les remarquables fresques qui décorent certains murs, comme cette improbable porteuse d’eau arrosant un luxuriant jardin que la suie d’un feu impie a hélas étouffé.
J’ai passé la tête dans cette salle où sont amassées en désordre les boiseries arrachées aux murs : portes, châssis, armoires…
Les pillards se sont-ils dit que le jeu n’en valait pas la chandelle ?
J’ai trouvé cette fenêtre encore vitrée qu’une végétation exubérante a depuis longtemps privée de sa vue sur le monde.
J’ai surtout croisé les regards que le talent d'un artiste a ébauchés sur les murs écorchés.
Que veulent nous dire ces visages humoristiques et tragiques ?
Leurs sourcils arqués sont-ils irrités ou simplement surpris ? Leurs yeux ronds nous regardent-ils en amis ou en intrus ? Acceptent-ils que les éclats de mon flash les aient sortis de l’ombre ?
Seraient-ce eux, les regards du passé...?
Pêle-mêle
👀
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