Echos du brame 2020 à Han, épisode 12/14 : la cour des petits

La cour des petits

JL et Joli14 ont mis la musique à fond. © Djepi

JL et Joli14 sont occupés à s’insulter copieusement sous l’oreille faussement désinvolte des femelles. Le brame est le premier stade de provocation chez les cerfs mâles en rut. Si la tension monte, les animaux vont marcher côte à côte, séparés quand même par une certaine distance, tout en s’invectivant. On dit qu’ils sont en marche parallèle. Dans le cas où aucun des deux ne renonce, les concurrents se rapprochent tout en hurlant de plus belle. Et si l’un d’entre eux baisse alors la tête en signe de provocation et que l'autre répond de la même manière, ce sera l’affrontement, le combat. C’est assez rare mais… c’est ce qui se passe sur ma droite !

J’étais captivé par la joute oratoire des deux vedettes quand j’entends soudainement le bruit sec caractéristique des ramures qui se cognent. Et à côté de moi, des observateurs s’exclament « regarde, ils se battent !». Je me détourne aussitôt et fais pivoter le long tube du télé.

Deux cerfs adolescents répètent leur partition. © Djepi

Deux jeunes cerfs ont en effet baissé la tête et s’affrontent, mais on voit bien qu’ils n’exercent que peu de poussée l’un contre l’autre. Ce n’est pas un véritable combat, c’est un jeu. D’ailleurs, cela s’interrompt rapidement et le plus jouette des deux va voir aux alentours si un autre membre de son club n’est pas candidat à une bonne petite bagarre « pour rire ».

Les cerfs mâles quittent progressivement la harde de leur mère à deux ou trois ans pour intégrer un club d’ados. Quand ils auront 4 ou 5 ans, ils tenteront de se faire accepter dans un clan d’adultes, mais cela ne se fera pas du jour au lendemain. 

Tant qu’il est faon, puis daguet, le jeune mâle jouit du statut hiérarchique de sa biche de mère. Ensuite, ce sera à lui de se tailler une place dans la société des mâles qui, comme celle des femelles, est strictement hiérarchisée. Et c’est notamment à cela que servent les combats-jeux que l’on observe fréquemment.

Le daguet hérite d'abord de la position hiérarchique de sa mère. Ensuite, ce sera à lui de jouer. © Djepi

A force de combats « pour rire », quand sera venu le moment de faire ses premiers pas sur la piste du bal, le cerf connaîtra bien la robustesse de ses concurrents, ce qui lui évitera de courir des risques inutiles. L’exception est le cas des cerfs pèlerins, voyageurs qui ne parviennent pas à s’établir et vont tenter leur chance au brame, ici ou là. 

Mais il y a aussi de véritables bagarres en dehors du brame, quoique bien moins violentes que quand la testostérone atteint sa concentration maximale.

Cet ado de 2 ans s'intéresse de près à une de ses cousines ! © Djepi

Cette concentration monte aussi chez les jeunes cerfs, même chez les daguets, et ils iront tenter leur chance auprès des biches s’ils en ont l’occasion. Dans les sociétés de cerfs équilibrées, ils seront vite repoussés par les adultes et les femelles ne se laissent d’ailleurs pas facilement convaincre de s’accoupler avec un petit cerf. Mais dans nos forêts où les mâles sont souvent abattus avant d’être adultes, elles n’ont parfois pas le choix.

Un daguet (à droite) et son meilleur copain, d'un an plus âgé. © Djepi

Inviter à jouer un ado de 4-5 ans n'est pas sans risque ! © Djepi

En dehors de la parenthèse du brame qui dure au total deux mois environ, les cerfs que l’on voit le plus se bagarrer ne sont pas les pires ennemis, mais au contraire les meilleurs amis. Ils ne sont pas forcément du même âge et on peut voir un daguet aller inviter à une joute amicale un grand ado de 4 ans. Il arrive évidemment que, dans un tel cas, le plus petit ne s’en tire pas sans casse…

Alors que je reprends “les choses sérieuses”, une météorite fuse devant moi : un freluquet imprudent vient de jouer avec les nerfs de JL !

Face au courroux de JL, il ne reste au jeunot que la fuite ! © Djepi

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