SOUVENIRS DECHARNES

Découvrant ce vaste site industriel abandonné pour la première fois, j’étais à la fois émerveillé, halluciné, angoissé, intrigué… 

Quelle vie avait animé cet endroit, quelles vies avait-il animées, comment en était-il arrivé à un tel état de destruction ?

Texte et photos : Djépi

Cokerie urbex
Il n'y a pas que le temps qui ait fait son œuvre. Les vandales aussi. © Djépi


Au hasard des couloirs, des portes disparues, des escaliers incertains, depuis les caves effondrées jusqu’aux greniers décoiffés, j’ai fouillé les ruines pour trouver des pistes. Mais elles ont tellement été saccagées et pillées que peu de traces du passé subsistent. 


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Depuis les caves effondrées... © Djépi

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... jusqu'aux greniers décoiffés. © Djépi

Ce qui a pu être arraché au sol et aux murs l’a été, ferrailleurs et voleurs de tout poil n’ont guère laissé derrière eux. Et les vandales ont achevé l’ouvrage.


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Ce qui a pu être arraché l'a été. © Djépi

Comme me l’ont appris quelques recherches sur internet, la cokerie a connu ses longues heures de gloire. Durant près d’un siècle, de 1904 à 2002, elle fut un fleuron industriel du bassin carolorégien. Puis le coke chinois est arrivé et elle fut abandonnée, revendue, explosée, ferraillée, dépouillée, martyrisée... 

Mais pas dépolluée.

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Explosée, ferraillée, dépouillée... © Djépi

Aujourd’hui, on n’entend plus le tumulte des machines et la voix des ouvriers. 

Seulement le murmure du vent, l’appel des oiseaux, parfois les cris des gosses du quartier venus taper le ballon ou les pétarades des motos qui apprécient le gymkhana dans les ruines.


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Au sommet de la tour à charbon, un grand-duc a installé son nid. © Djépi

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Pour le photographe urbexeur, l’endroit offre cependant encore du pittoresque.


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L'usine électrique : une cathédrale abandonnée. © Djépi

Les immenses salles de l’usine électrique évoquent des nefs de cathédrale, avec de majestueuses baies en plein cintre où s’accrochent opiniâtrement quelques croisillons semblant lutter contre les herbes folles.


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Le soleil aimerait jouer dans les vitraux. © Djépi


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A la folie humaine, succèdent les herbes folles. © Djépi

La qualité de construction est époustouflante : murs épais en briques, sols carrelés, plafonnage dans les ateliers… Il faut dire qu’à l’époque où l’usine fut bâtie, l’argent coulait à flots au Pays Noir et les patrons aimaient étaler leur richesse.


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Ce n'est pas un château, c'est une usine à l'aube du 20è siècle... © Djépi

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Dans ce qui était les salles de douche, équipement devenu obligatoire dans l'entre-deux guerres, un peu de carrelage s’accroche toujours au mur (les vautours sont passés), ainsi qu’une rangée de crochets orphelins de leurs salopettes. 


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Vestiges colorés des vestiaires-douches. © Djépi


A défaut d’être artistiques, les tags omniprésents mettent de la couleur et rendent l’ambiance moins oppressante.


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Un peu de carrelage s'accroche encore aux murs. © Djépi



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Cokerie urbex



A l’écart de la centrale électrique, la tour de refroidissement est un cadavre debout : ses entrailles ne sont plus qu’un capharnaüm de poutres et planches effondrées.





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Badigeonné sans talent, le bâtiment administratif semble avoir subi un bombardement. 


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Ex-bureaux de direction. © Djépi

Mais à mieux y regarder, on réalise que poutres, planchers et châssis ont simplement été « récupérés ». En fait, on peut se réjouir qu’on leur ait donné une seconde vie décente. De quelles foyers font-ils aujourd'hui la fierté ?


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Des centaines d'employés ont gravi ces marches durant un siècle. © Djépi


De-ci, de-là, il reste un morceau de canalisation, un bout de câble électrique, un radiateur solitaire et tari où devait venir s’appuyer en hiver une secrétaire frileuse…


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Le radiateur solitaire © Djépi

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Du côté de la tour à charbon et des fours à coke, le paysage est kafkaïen. Certaines parties ont littéralement été « explosées », probablement pour récupérer des éléments monnayables. 


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Cœur de la cokerie : comme une zone de guerre. © Djépi


Ce sont des dentelles de béton armé qui pendent des plafonds. Toutes les tuyauteries conduisant les gaz ainsi que les installations de l’usine des sous-produits ont été enlevées.


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Dentelles de béton. © Djépi

Les antiques armoires des contremaîtres, éventrées, vomissent encore des registres où, au fil des ans, jour après jour, étaient scrupuleusement calligraphiées les données techniques de la fabrication, les commentaires des responsables ou les demandes de congé du personnel. 


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Les armoires éventrées vomissent leurs antiques registres. © Djépi


Le poussier de coke les a enveloppés d’un linceul gras, comme pour mieux signer la mort du site. Et on pense aux poumons des ouvriers...


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25 juillet 1956. On défourne dès 06h10. Je n'étais pas né... © Djépi


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Le 22 novembre 1961, Victor Rousseau demande congé : sa belle-mère est décédée. © Djépi

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Beaucoup ont été rasés mais, éparpillés et pudiquement dissimulés dans les bosquets de bouleaux, quelques bâtiments techniques pleurent encore leur solitude, leurs fenêtres borgnes, leurs murs renversés. 


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Honteux de leurs plaies, englués de goudron, les bâtiments survivants se cachent dans la végétation. © Djépi


A quoi servait cette grande salle désormais vide et silencieuse où mon flash a  tant peiné à percer l’obscurité, pour découvrir d'étranges installations ? 


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Derrière les voiles de l'obscurité, en hauteur, inaccessible, une structure mystérieuse... et intacte ! © Djépi


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Comme tant d’autres sites industriels en ruines et bien plus encore qui ont été « assainis » et recouverts de béton frais pour accueillir parking ou espace commercial, celui de la cokerie n’est plus que le souvenir décharné et pathétique d’une époque révolue qui fut optimiste, laborieuse et prospère.


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Depuis le 30 novembre 2002, le cadran 32 n'a plus rien à afficher. 
© Djépi


Voyez mes autres reportages Urban Exploration  

Pêle-mêle

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Usine électrique : cathédrale aux dieux de l'industrie. © Djépi


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Derrière la baie en plein cintre, le poids d'un regard. © Djépi


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Les dernières fumées se sont envolées en novembre 2002. © Djépi


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Elégante toiture à charpente métallique. © Djépi



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La nature prend désormais sa revanche. © Djépi


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Beaucoup d'endroits sont aujourd'hui inaccessibles. Que faisait-on dans cette salle bleue ? © Djépi


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Vestiaires © Djépi


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Bureaux sous les toits © Djépi


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Le squelette d'acier des fours à coke. © Djépi


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Ecartelés, démembrés, méconnaissables : les fours à coke. © Djépi


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Le fantôme gris de la tour à charbon. © Djépi


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Ateliers © Djépi


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La réserve d'eau pour l'extinction du coke. © Djépi


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Alfred Dumont, Georges Bouchez, Philippe Herregots étaient au travail cette semaine-là. © Djépi


Charbonnage urbex
Du puits de mine voisin qui alimentait la cokerie, il ne reste que le fier chevalement de métal, dressé au centre d'un dépôt de déchets inertes. Grandeur et décadence. © Djépi


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Mystères des sous-sols © Djépi


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Gibet ? 😁 © Djépi


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Un survivant, accroché trop haut pour être arraché. © Djépi


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La dépollution du site coûterait des dizaines de millions d'euros. © Djépi


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© Djépi


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L'ombre et le silence ont remplacé flammes et tumulte. © Djépi


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Il reste du travail... © Djépi









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