Pourquoi les hérons volent-ils avec le cou replié ?
Pourquoi les hérons volent-ils avec le cou replié ?
Le cou replié des ardéidés (hérons, aigrettes, butors) en vol est un critère qui permet aux observateurs de les différencier aisément des autres espèces à long cou, telles que cigognes, grues, spatules qui volent avec le cou étendu. Mais qui s'est posé la question du pourquoi ?
Grande aigrette en vol avec le cou replié typique © Djepi |
Pourquoi des oiseaux similaires dans la structure de leur corps adoptent-ils des postures de vol aussi différentes ? Si voler le cou replié est aérodynamiquement plus favorable, pourquoi alors grues et cigognes, grandes migratrices, ne font-elles pas de même ?
Et si c'est l'inverse, pourquoi les hérons se compliquent-t-ils la vie ?
Une 6ème vertèbre propulseur
Le cou des ardéidés se caractérise par une articulation particulière entre la 6ème vertèbre cervicale et la 7ème. La 6ème vertèbre est longue et reliée à la 7ème par des muscles puissants. L'articulation est conformée de telle façon qu'elle donne au cou du héron sa forme en "S" caractéristique, qui ne s'observe d'ailleurs pas seulement durant le vol.
Profil caractéristique en "S" du cou de cette aigrette garzette. © Djepi |
La musculature et la conformation du cou du héron permettent à la 6ème vertèbre de jouer le rôle d'un propulseur, projetant la partie supérieure du cou, et donc aussi la tête et le bec, vers l'avant avec puissance et vitesse.
Au repos, avec les muscles détendus, le cou du héron n'est donc pas rectiligne; l'oiseau doit faire un effort musculaire pour aligner sa 6ème vertèbre sur la 7ème et ainsi redresser son cou.
Attentif, ce blongios nain étend le cou pour mieux surveiller les alentours © Djepi |
Ecologie
Grâce à l'effet propulseur de sa 6ème vertèbre cervicale, la détente de cette grande aigrette en pêche est foudroyante © Djepi |
Grues, cigognes, spatules, ibis et autres oiseaux au long cou emploient des techniques différentes pour saisir leur nourriture. Ce sont plutôt des glaneurs que des chasseurs actifs et la longueur de leur cou (et de leur bec) sert essentiellement à compenser la hauteur de leurs pattes pour pouvoir atteindre la nourriture, au sol ou dans l'eau.
La cigogne est plus une glaneuse qu'une chasseuse. Son cou n'a pas les propriétés de projection de celui des ardéidés © Djepi |
Il est logique que l'anatomie d'un animal ait évolué en parallèle avec son comportement et son écologie. Sans cela, il n'atteindrait pas le niveau d'efficacité exigé par la sélection naturelle. Le présence d'un système de propulsion dans le cou des ardéidés, et la forme incurvée qui en résulte, sont en lien étroit avec l'éco-éthologie alimentaire de ces oiseaux.
Le vol du héron
Le héron ne
vole pas toujours avec le cou replié et la tête posée sur les épaules.
Au décollage, à l'atterrissage, ou à tout autre moment du vol demandant
une attention particulière, par exemple en présence d'un prédateur, le
héron étend son cou. Cela assure une plus grande mobilité de la tête et
lui permet ainsi de mieux surveiller visuellement son environnement,
notamment vers l'arrière.
Dans les moments plus délicats du vol, les hérons étendent le cou. Ici, un héron cendré prêt à atterrir © Djepi |
Mais, pour le vol de croisière, le héron adopte la position la plus reposante. L'articulation entre les 6ème et 7ème vertèbre fait que la géométrie de repos est en S. Et d'autre part, la musculature puissante alourdit le cou, ce qui ne facilite pas son maintien, allongé, à l'horizontale. La position repliée n'est pas forcément la meilleure aérodynamiquement, sinon on pourrait penser que des grands migrateurs comme grues et cigognes feraient de même, mais globalement, pour les hérons, c'est la position la plus favorable durant le vol.
Attitude de vol typique, cou replié, chez ce jeune héron cendré © Djepi |
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