Le cas du cormoran : 40 millions d’années de succès
Le cas du cormoran : 40 millions d’années de succès
Le corps dense de ce plongeon catmarin fait de lui un excellent plongeur mais un exécrable voilier © Djepi |
Bon plongeur, le grand cormoran est aussi un voilier efficace © Djepi |
Les oiseaux qui se déplacent le mieux sur l'eau ont des pattes palmées ou lobées et placées loin en arrière du corps, là où se situent d'ailleurs les hélices d'un bateau. Ce sont, de ce fait, de piètres marcheurs car leur pattes sont éloignées du centre de gravité de leur corps. Et pas question pour eux d'aller se percher sur un arbre !
Ce grèbe huppé au nid illustre bien la position très reculée de ses pattes et ses grandes difficultés à se mouvoir hors de l'eau © Djepi |
Notre ami le cormoran, malgré ses très larges pattes palmées, se perche fort bien et niche même dans les arbres, à l'abri des prédateurs terrestres. Ses pattes sont reculées, mais l'équilibre global de son corps reste satisfaisant. Il doit cependant parfois réaliser quelques essais avant de regagner le perchoir qu'il a choisi, car il ne manœuvre quand même pas comme une mésange.
Pour sa parade nuptiale, notamment, le grand cormoran se perche dans les branches © Djepi |
Où est donc le secret ? Par quelle magie l'évolution a-t-elle concentré autant de dons en une seule espèce ? C'est tout simplement que le cormoran, comme les sous-marins, a une flottabilité variable. Pour plonger, le sous-marin emplit d'eau ses ballasts afin d'être plus dense et pour faire surface, il chasse cette eau avec de l'air comprimé. Le cormoran fait de même avec son plumage.
Celui-ci n'est pas aussi imperméable que le plumage d'un grèbe ou d'un canard. Il peut donc s'imprégner d'eau et permettre au cormoran de s'alourdir et bien plonger. Mais attention à l'excès : l'estomac chargé de poissons et le plumage détrempé, l'oiseau éprouve parfois des difficultés à redécoller.
Le plumage du colvert est aussi imperméable qu'un bon ciré : l'eau glisse dessus ! © Djepi |
Contrairement à ce que l'on dit parfois, le cormoran possède une glande
uropygienne fonctionnelle, et ce n'est d'ailleurs pas sa sécrétion qui
assure à elle seule l'imperméabilité du plumage d'autres espèces. La
structure des plumes, très dense et fermée, joue un rôle plus important.
Le cormoran possède un plumage lâche qui laisse l'eau s'infiltrer et il
doit régulièrement faire sécher ses plumes en adoptant la position bien
connue "du christ en croix". Faire bronzette est le prix à payer pour
pouvoir à la fois bien plonger et bien voler...
La posture bien connue du cormoran qui sèche son plumage au soleil © Djepi |
La photo précédente nous montre une autre adaptation du cormoran : sa capacité à actionner sa mâchoire supérieure pour accroître l'angle d'ouverture de son bec et ainsi pouvoir avaler de très gros poissons, pour le plus grand bonheur (?) des pêcheurs...
Toutes ces
caractéristiques high tech ont valu au cormoran 40 millions d'années de
succès, puisque l'espèce n'a quasiment pas changé depuis lors.
Alors, respect !
Grand cormoran en plumage nuptial © Djepi |
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